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le voisin
19 mai 2016

FreD, 48 ans, quelque part pas loin de la Loire

De quoi ta vie est-elle faite en ce moment ? Quelles occupations, préoccupations, pensées, inquiétudes, joies, ras-le-bol, aujourd'hui ?

Ma vie est faite d'un rêve de Tiny House : savoir si ce projet pourra se réaliser, mais aussi comprendre si c'est un vrai désir ou un désir de "remplir" ma vie d'un projet.
Je tiens à le savoir avant pour être vraiment sûre de moi.
En fait je pense que c'est un vrai désir en accord avec mon chemin depuis bientôt 3 ans, celui de me dépouiller petit à petit des couches qui m'encombrent, matériellement, émotionnellement et spirituellement.

Je ne veux pas être dans le "trop" et "trop" est très vite atteint pour moi. Je pense que c'est aussi parce que je suis justement "trop" enthousiaste, "trop" naïve, "trop" confiante et que j'ai "trop" d'envies (de faire , de créer, de ne rien rater, de vivre…), du coup je crois que j'essaie de me freiner  pour arriver à être plus mesurée, ce à quoi j'aspire aussi, car je trouve cela plus apaisant : moins juger, moins parler, moins bouger, être plus dans l'être que dans le faire.
C'est un état difficile pour moi mais je crois que j'apprends.

Vivre dans un petit espace, sobre, épuré mais beau et écolo, et posé dans la verdure, c'est peut être une bonne façon d'acter ce chemin là.
Donc mes inquiétudes sont financières et sur le fait de trouver un terrain et d'apprendre à lâcher prise en se disant que si ça doit se faire cela se fera.

D'autres préoccupations sont liées au fait d'avoir arrêté de payer mon loyer pour enfin obtenir une réponse de mes proprios et de l'agence immobilière à mes demandes.
Je fais les choses dans les règles (courrier AR , commission de conciliation) mais je n'aime pas être dans l'illégalité, c'est de l'inconfort pour moi.
Néanmoins je n'aurais pas osé il y a quelques temps et je me rends compte que je me laisse moins marcher sur les pieds.

Avec les punaises du boulot aussi - ça c'est une vraie contrariété et une vraie source d'inquiétude. Ce climat malsain de commérages, mésententes et mauvaise ambiance est très énergivore et je ne vois pas de solution pour que ça s'arrête mais peut être ce CDI est-il l'opportunité pour avoir la Tiny House et qu'ensuite avec ma maison sur le dos comme un escargot je pourrai décider librement quel choix professionnel faire.

Disons que j'ai l'impression que rien n'est hasard et que je peux apprendre de toutes ces situations pourries ou pas.
On ne décide pas de son passé mais on peut décider de son avenir à chaque moment.

Mes chiens me procurent beaucoup de joies, ce sont des contraintes certes mais elles sont tellement dans l'instant présent et dans la joie pure, tout est nouveau chaque jour, elles m'aiment inconditionnellement, que je sois bien lunée, de mauvaise humeur, mal habillée ou toute jolie, du moment que je leur donne leurs croquettes en temps et en heure - c'est très reposant comme relation.

Être dehors dans ce débordement de couleurs et de sons et d'odeurs du printemps est aussi une très grande joie, c'est comme si j'oubliais chaque année que ça va revenir, que les jours vont rallonger, qu'il va faire chaud et que je le vivais pour la première fois à chaque fois.
Je trouve ça chouette que même à mon âge, il y ait encore plein de premières fois.

2013-08-27 15        2015-11-06 08
Chez de chers amis de FreD, un ancêtre de Tiny House / Une vue vue par FreD chaque matin en partant travailler.

 
Tu as un désir de sobriété, est-ce-que ça a toujours été le cas ?
Si tu as besoin d'une attache parisienne, tu en achètes une boîte, qu'est-ce-que tu fais du reste de la boîte pour ne pas qu'il traîne au fond d'un tiroir ? (c'est une question anecdotique mais c'est comme ça que, personnellement, je me retrouve encombrée !)
Comment imagines-tu la Tiny House de tes rêves ?
Crois-tu en quelque chose ?

Quand j’étais petite, je n’étais pas du tout à la mode, mes parents ne nous achetaient pas beaucoup de vêtements et j'enviais quelques copines hyper stylées (elles fréquentaient la Droguerie, folie), elles avaient le talent de s'habiller l'air de rien (aujourd'hui je sais qu'en fait c’était des filles riches) et moi je me sentais hyper terne à coté, on habitait un coin friqué mais comme mes parents étaient en logement de fonction on n'avait pas les mêmes moyens, je me sentais toujours à la traîne et décalée.

J'aurais pu tomber dans la consommation facilement pour rattraper mais mon père était super grave avec ça, il achetait (encore maintenant) tout et n'importe quoi et ça rendait ma mère hyper anxieuse.
Cet exemple m'a totalement freinée, la peur de manquer d'argent et tout compter m'ont complètement façonnée.

Mais ma conscience de la sobriété et de l’épure n'est venue qu'après je crois - mais voir mon père acheter des conneries à tour de bras , sans nécessité et sans réflexion m'a beaucoup fait réfléchir sur ce que je voulais moi. Pas de crédit si possible, pas d'achat pour rien, pas d'achat de compensation (bon ça m'est déjà arrivé).

Ensuite, le père de mon fils gardait tout absolument tout et lorsque nous nous sommes séparés et que j'ai enfin respiré dans l'appartement, j'ai eu envie de laisser ce vide qui me faisait tellement  de bien et je me suis rendu compte à quel point la dépendance aux objets m'oppressait.

J'aime les jolies matières et le bois, mais je suis contradictoire aussi car j'aime les choses légères et c’est rarement le cas du bois, de la pierre ou de la porcelaine.

J'ai eu une période où j'achetais pas cher dans les brocantes des objets avec une histoire mais même s'ils sont beaux, s'ils ne sont pas dans mon histoire finalement ça ne sert pas.

Et puis j'ai découvert il y a environ 12 ans les écrits de Dominique Loreau (L'art de la simplicité) et j'ai eu le sentiment que quelqu'un comprenait enfin ce que je ressentais.
J'ai fait des erreurs, des erreurs d'achat, des erreurs de choix pratiques qui finalement ne me correspondent pas, et désormais je réfléchis (ou j'essaye) à ce qui fonctionne le mieux pour moi.

J'ai pas mal déménagé ces derniers temps aussi et faire le vide rendait les choses moins coûteuses et moins lourdes et finalement il n'y a rien que je regrette.
En général j'essaie de me passer des choses, mais je veux vivre quand même confortablement - mais je sais que pour la Tiny House, il va falloir que je fasse vraiment le vide (mais j'y gagnerai en confort).

Pour les attaches parisiennes je ne sais pas (c'est les trombones ?) en général j'en récupère à la librairie quand il m'en faut un.
Mais par exemple je suis du genre à jeter le premier stylo qui ne marche pas et à ramener régulièrement à la librairie, les bics que j'ai en trop, les tasses en trop, ce genre de choses qui peuvent servir à tous.

Je vais direct à la déchetterie par exemple, aux Emmaüs ou aux containers porter mes trucs, ça ne traîne pas.
En général quand j’achète un vêtement, un autre dégage (Le bon coin, Emmaüs ou récup' si abîmé ou trop vieux). Pareil pour les chaussures.
J'arrive à me tenir à ne plus acheter de laine pour finir mon stock, je ne garde pas mes livres, ni les magazines courants (je garde Kaizen et Happinez).
Je n'ai qu'un seul shampoing, un seul savon, et une seule crème.
Pour le ménage, du savon noir et du vinaigre (mais un peu trop de chiffons microfibres).

Mais je vais inspecter les choses une à une au fil des jours qui viennent pour les passer au filtre Tiny House...
Pour celle-ci , je vais faire confiance à l’équipe de Baluchon, mais on va faire les plans ensemble pour que cet espace soit conçu vraiment pour mon mode de vie.
C'est aussi ça l'exaltant de l'histoire, on ne va pas placer les éléments en fonction de murs ou de fenêtres mais penser les murs et les fenêtres en fonction de mes besoins et de mes envies.
J'ai évidemment plein d'idées (et mon compte Pinterest aussi).

Je n'ai pas de religion particulière, j'ai eu une éducation catholique basique mais je n'aime pas tellement cette façon de voir les choses.
Je crois plutôt aux forces des esprits, de la nature, aux forces telluriques, à l’énergie.
Je pioche partout, surtout dans mes lectures.
Je suis attirée par les penses japonaises, chinoises (en médecine particulièrement) et par l’espèce de fatalisme des asiatiques.

2016-05-04 06        2016-04-24 09
Ce qu'on voit de la fenêtre de la cuisine de FreD. / Ce que voit FreD depuis sa place à table.


Quelle serait ta vie idéale pour dans dix ans ? Et as-tu une idée de société rêvée ?

Tu m'aurais demandé il y a exactement 3 ans, je t'aurais répondu "pareil que maintenant , toujours dans ma librairie, toujours avec mon chéri, et en ayant aménagé une maison top et un jardin, en ayant cultivé un bon réseau d'amis, bien installée à Chartres".
Or tout a explosé en vol et chaque année m'a amenée à changer depuis : de travail, de vie, de maison, d'endroits.
Plus de chéri, pas de vie sociale (c'est-à-dire un réseau de connaissances avec qui avoir des activités et des loisirs), des amis chers au loin avec lesquels j’échange par mail ou par téléphone, mon fils dans une autre ville avec sa vie à construire.
Donc je n'ai aucune réponse pour dans 10 ans, je ne sais même pas pour dans 3 mois...

Je me souhaite néanmoins pour dans 10 ans, une vraie bonne santé faite de choses saines et de sérénité, me permettant de réaliser ce que je veux sans frein physique (sans trop de frein physique).
Je me souhaite aussi d'avoir gagné en sagesse pour projeter de la sérénité et de la bienveillance vers les autres.
Je me souhaite un certain confort de vie, pas forcément beaucoup de matériel, mais ne pas avoir à y penser.
Pour le boulot je ne sais pas, vraiment, je ne me vois pas dans cette librairie telle qu'elle fonctionne actuellement mais on ne sait jamais comment les choses évoluent.

L'idée que nous évoquons parfois avec mon amie Gaëlle, comme une plaisanterie, de faire un béguinage me semble chouette et à creuser.

J'aimerais ne plus avoir besoin d'argent (avoir hérité ou gagné au loto) pour m'installer au soleil avec ma Tiny House et juste profiter de toutes les journées qui passent au gré du vent : mais ça c'est un rêve, je ne peux pas en faire un projet puisque la base est aléatoire (le gain d'argent).
Dans ce rêve, un petit poste bénévole dans une jolie bibliothèque ou un café tranquille à mon rythme, oui ce serait bien.
En fait j'aimerais un travail sans impératif d'argent pour pouvoir donner envie aux gens d'être là sans contraintes. A réfléchir.

Parfois je me dis aussi que j'aimerais vivre aux Pays-Bas parce que j'aime leur dynamisme et leur façon de voir les choses, ou en Écosse pour la beauté des paysages, mais j'aime le soleil et la chaleur.
Je ne me vois pas en ville, mais il ne faut jamais dire « fontaine... »...

Pour la société, je crois au salaire minimum qui laisserait aux gens le choix de leur vie.
Je ne crois pas aux vertus de l'ambition et j'aimerais que les gens soient plus bienveillants à leur petit niveau qu'avec de grandes démonstrations : c'est bien de dire "je suis Charlie" par exemple, mais si tu te comportes comme une punaise avec ton voisin ou ton collègue ou ton commerçant, pour moi ça n'a pas de sens.

Ensuite je suis une solitaire, j'ai du mal avec les rassemblements, les équipes, etc. Je trouve que ça brasse vite du vent.
Et les échanges d’idées sans rien de concret, pour moi, c'est hyper énervant, mais j'admire les gens tranquilles qui peuvent vivre comme ça.
Moi, quand je dis, je fais et je suppose que c'est hyper énervant pour mon entourage.

Je ne crois pas aux valeurs politiques, même si bien évidemment les valeurs extrémistes me dérangent.
Je suis individuelle mais je pense que je pourrais vivre dans une communauté aux biens mis en commun si j'avais mes espaces de liberté pour quand j'en ai besoin, parce que je ne suis pas non plus si solitaire que ça et j'aime bien échanger et écouter les retours des autres.


Est-ce-que tu as une (ou plusieurs) idée de quelque chose qu'on peut faire, chacun à son échelle, pour que le monde tourne plus rond ? Pour s'impliquer dans l'amélioration du monde si jamais on le trouve pas terrible ?

Sourire aux autres, à tous, tout le temps, partout.
Avoir l’élégance de ne pas trop se plaindre, même quand c'est difficile, même quand c'est moisi (si on peut, parce que c'est difficile).
Ne pas colporter de propos malveillants.
Planter des légumes partout pour tous, pour que les gens aient à manger de bonnes choses, se parlent et participent comme ils ont envie.
Repenser l’école pour que chacun puisse trouver sa place sans idée de compétition.
Continuer à croire qu'on vit chez les Bisounours , on s'en prend peut-être plein la gueule  mais on est plus droit dans ses bottes.


Où peut-on te croiser par hasard ?

On peut me croiser 5 jours sur 7 à la librairie mais pas vraiment par hasard.
Dans les vignes avec mes chiens autour de chez moi jusqu'assez loin.
Et peut être au hasard de la vie et des routes avec une Tiny House en  remorque.

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